Au cœur du Pavillon 1, dédié aux bovins, nous avons rencontré Muriel juste après la présentation de « Rivera », une vache Tarentaise de 511 kg née en 2020, en lice au Concours Général Agricole 2025. Pour cette éleveuse de 54 ans, installée en Haute-Savoie, cette première participation marque un tournant. Héritière d’un savoir-faire exigeant, elle perpétue avec détermination l’élevage en montagne, un métier de passion où rigueur et engagement se heurtent aux défis climatiques et à la préservation des pâturages.

Elisabeth Borne, ancienne Première ministre (France) en visite au Pavillon 1
Crédits photos © Joey Nicles Modeste
 

• Une exploitation familiale ancrée en Haute-Savoie

La ferme familiale GAEC Le Sulens, dirigée par Philippe et Muriel, est située à Thônes, en Haute-Savoie, non loin des stations de ski de La Clusaz et du Grand-Bornand. Dans cette région où l’agriculture est dynamique, notamment grâce à la production du Reblochon, fromage emblématique dont Thônes est la capitale, les vaches laitières occupent une place centrale. Le couple élève plusieurs races adaptées aux reliefs montagneux, notamment la Tarentaise, la Montbéliarde et l’Abondance.

Stéphanie Aymonier avec Rivera, une vache Tarentaise de la ferme GAEC Le Sulens, incarnant la tradition et le savoir-faire d'une famille passionnée par l'élevage.
Crédit photo © Joey Nicles Modeste

À la ferme, le lait récolté deux fois par jour est directement transformé, perpétuant un savoir-faire traditionnel qui valorise chaque étape de la production. « Nos vaches, particulièrement adaptées à notre environnement, offrent un lait de grande qualité », nous confie Muriel, fière de contribuer à l’élaboration de fromages typiques de la région.
 

La participation au Salon International de l'Agriculture n’a rien d’automatique. Muriel explique que les syndicats de chaque race sélectionnent les animaux en amont. « Les éleveurs inscrits sont visités par les syndicats, qui vérifient la conformité des animaux selon des critères bien précis. Nous avons envoyé notre candidature en décembre et avons eu la chance d’être retenus », précise-t-elle sous le regard de sa fille Stéphanie et de son fils Anthonin.



L’élevage laitier est un métier exigeant, tant physiquement que mentalement. « C’est une activité prenante, avec des journées longues et un travail très physique », explique Muriel. La recherche de main-d'œuvre reste une difficulté majeure, tout comme la gestion du temps. Entre les soins aux animaux, la traite, la fabrication des fromages et l’entretien du matériel, les journées commencent dès 5h30 et ne laissent que peu de répit. Le couple met un point d’honneur au bien-être animal, convaincu qu’une vache bien soignée est plus productive. « Nous veillons à leur confort et à leur santé, car un bon lait passe avant tout par une vache heureuse. Nous respectons scrupuleusement les réglementations sur l'hébergement et les soins aux animaux », souligne Philippe, qui se consacre plus particulièrement à l’élevage des troupeaux.
 

Innovation et tradition : un équilibre à préserver

Profondément attachée aux traditions de l’élevage, la famille Aymonier-Garnier perpétue un savoir-faire transmis de génération en génération, tout en intégrant des innovations pour s’adapter aux défis d’aujourd’hui. « L'agriculture évolue, et il faut savoir s’adapter aux nouvelles exigences. Nous avons créé notre exploitation en 1993, et depuis, nous n’avons cessé d’innover tout en préservant l’authenticité de nos produits », indique Muriel. L’agriculture de montagne doit relever des défis constants : adaptation aux normes, réponse aux attentes des consommateurs et préservation des savoir-faire. Pour Muriel et Philippe, l’équilibre entre tradition et modernité est essentiel à la pérennité de leur exploitation.
 

• Un avenir à bâtir pour l’agriculture de montagne

Comme de nombreux éleveurs, le couple doit relever des défis croissants : recrutement difficile, charge de travail intense et réglementations de plus en plus exigeantes. « Le métier devient plus complexe, mais c’est notre passion et notre mode de vie », confie Muriel.

Crédits photos © Joey Nicles Modeste.