Après cinq ans d’absence liés à un différend sur la gestion des droits d’organisation, le Mauritius Turf Club (MTC) relance les courses au Champ de Mars avec une saison 2025 qui s'annonche riche en nouveautés. Officiellement lancée le 3 août, cette reprise marque le retour d’une institution emblématique de l’île Maurice, où tradition et passion se conjuguent pour le plaisir des turfistes. Modernisation des infrastructures, nouveau système de gestion et renouvellement de la population de chevaux. Dans notre entretien, le président Santosh Gujadhur détaille ses priorités pour offrir un spectacle hippique de qualité, sécurisé et attractif.

Les courses hippiques à l’île Maurice ne sont pas seulement un loisir, elles font partie intégrante de l’histoire et de l’identité nationale. L'hippodrome du Champ de Mars, créé en 1812 à Port-Louis par le Mauritius Turf Club (MTC), est le plus ancien club hippique de l’hémisphère sud et l’un des plus anciens au monde. Depuis plus de deux siècles, cet hippodrome emblématique est le théâtre de performances légendaires et de moments de convivialité, rassemblant toutes les générations autour de la passion du turf.


Au fil des années, les courses hippiques ont profondément évolué : importation de chevaux d’Afrique du Sud et d’Australie, émergence d’écuries emblématiques et exploits de jockeys devenus légendaires, tant au niveau local qu’international. Chaque génération a ainsi nourri la légende du Champ de Mars et renforcé l’attachement des Mauriciens à ce patrimoine unique.


Dans le cadre de la saison 2025 nous avons réalisé une interview avec le nouveau président, Santosh Gujadhur, qui a exprimé sa détermination à redynamiser le MTC tout en préservant l’héritage et la ferveur qui font la renommée de l’hippodrome.
Entre tradition et renouveau, le Champ de Mars retrouve son rôle de cœur battant du turf mauricien, prêt à écrire de nouvelles pages de son histoire légendaire.

Interview :
Santosh Gujadhur, président du Mauritius Turf Club (MTC)

• Après cinq ans du MTC, loin de la scène, sur quels grands axes entendez-vous bâtir cette nouvelle saison ?

Santosh Gujadhur : Cette saison est un redémarrage. C’est une étape préparatoire pour évoluer pleinement à partir de l’année prochaine, mais nous avons déjà introduit beaucoup de nouveautés cette année.

•  Pouvez-vous illustrer cela par quelques exemples précis ?

R : La grande première est le Racing Management System, fourni par Racing & Sports, une société australienne qui a aussi des investissements au Royaume-Uni et à Hong Kong. Nous avons déployé un système de management totalement nouveau pour le club. Nous avons également rénové complètement les stands et loges, qui étaient dans un état critique. L’objectif est ensuite d’améliorer progressivement les espaces publics, selon nos finances.

• Quelles mesures sont mises en place pour garantir spectacle, sécurité et intégrité des courses ?

R : Pour le spectacle, il faut renouveler la population de chevaux à Maurice. Après trois ans d’arrêt, de nombreux propriétaires n’ont pas acheté de chevaux. L’importation, principalement depuis l’Afrique du Sud, prend du temps et coûte cher. Il faudra environ deux ans pour retrouver un effectif comparable à celui de 2000-2015.
Pour la sécurité, notre équipe sur la piste fait un excellent travail. La police et nos agents de sécurité assurent la sécurité du public. Pour les jockeys, métier à haut risque, nous veillons à ce que la piste soit en parfait état, afin de minimiser les accidents.

• Combien de chevaux et d’écuries sont actuellement en activité ?

R : Nous avons onze écuries et si vous regardez notre population de chevaux, on a 235 chevaux. Vous avez une cinquantaine d'entre eux qui ont 8 ans ou plus. Alors, ça va redescendre à 180 et on va rajouter 150 comme ça. Mais avec 300-325 chevaux, ce sera encore une fois…Je pense que ça va nous prendre deux ans pour retrouver les chevaux. Pour bien les mettre en place. Si on peut, on le fera. Si on ne peut pas, ce sera l'année prochaine.

•  Que retenez-vous de l’accueil réservé par le public depuis cette reprise, tant en termes d’émotions que de retours concrets ? 

R : Lors de la première réunion, 22 000 à 23 000 spectateurs étaient présents sur place. En ligne, sur YouTube et les réseaux sociaux, plus de 110 000 personnes ont suivi la diffusion en direct. Même de manière conservatrice, nous estimons qu’un tiers de la population mauricienne a suivi l’événement.

• Où en sont vos relations avec le PMU (Paris Mutuel Urbain) et quels développements constatez-vous sur le plan de la visibilité internationale du MTC ?
  
  

R : Nous travaillons sur l’intégration du PMU, pour renforcer notre visibilité internationale. Avec des partenaires, nous pourrons filmer et diffuser les courses à l’international, donnant ainsi plus de visibilité au club et à ses événements.

• Qu’en est-il de la Journée internationale et du championnat des cavalières de la Fegentri ?

R : Nous avons été approchés, mais cette année, il ne sera pas possible de tenir ces événements à haut niveau. Nous espérons pouvoir les organiser l’année prochaine. Cette saison a commencé tardivement, le 3 août, et se terminera le 20 décembre, avec seulement 17 journées et un nombre limité de chevaux.

• Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ? 

R : Nous voulons redynamiser le MTC, restaurer la grandeur du Champ de Mars et renforcer sa visibilité internationale. Nous travaillons à développer de nouveaux outils et partenariats pour attirer davantage de spectateurs, tout en préservant l’héritage et la ferveur qui font la renommée du club.